- quérir
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⇒QUÉRIR, verbe trans.Vx, littér. ou région. [Après les verbes aller, envoyer, venir] Envoyer quérir qqn, venir quérir qqc. Chercher (pour amener, apporter). Omer, relevez-vous. Allez prendre place près de la porte. Je vous ferai quérir lorsqu'il sera temps (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 420). L'or et l'étain, qu'ils ne craignaient pas d'aller quérir en Irlande et aux îles Cassitérides (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 35).— [P. ell. du 1er verbe ou avec un autre verbe de mouvement] Aller chercher. À ces heures matinales tout s'éveillait dans Toulouse mais déjà des ombres passaient ici et là, femmes le panier au bras (...) dévotes en train de quérir une messe (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 10). La fermière Eulalie, quand elle courait quérir des œufs au poulailler (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 104). Et elle, plus tard, ne le voyant pas revenir, s'était entendu, à tout hasard, avec la voisine, qui devait quérir la sage-femme (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 442).Prononc. et Orth.:[
]. Conjug.: usité uniquement à l'inf. avec les verbes aller, envoyer, venir et uniquement dans le domaine du dr. Ac. 1694-1878: querir, id. ds LITTRÉ; 1935: que- ou qué-; ROB., Lar. Lang. fr.: qué-. Pour la substitution de [e] à [
] en syll. protonique, pour les hésitations jusqu'à l'époque mod. entre [
] et [e] selon les mots, v. Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n ° 1 1981, p. 187, 188. Considérée comme vieillie, provinciale, pop. et fautive, [
] avec amuïssement de la cons. finale. V. LITTRÉ, DG et Trav. Ling. Litt. Strasbourg, op. cit., p. 242. Étymol. et Hist. 1377 « chercher (ici: chercher la bête ou les traces de bête avec les chiens courants) » (GACE DE LA BUIGNE, Roman des Deduis, 2890 ds T.-L.). Issu, par changement de conjug., de l'a. fr. querre « chercher » (fin du Xe s., Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 134: querent), du lat. quaerere « chercher, demander, faire une enquête ». Querre (puis quérir), usuel au Moy. Âge, recule, au XVe s. devant chercher qui s'est définitivement imposé au XVIIe. De nos jours, quérir ne se trouve plus que dans qq. empl. arch. ou dial. et, à l'inf., après des verbes de mouvement. V. FEW t. 2, 2, p. 1408a-b, 1409b-1410a. Fréq. abs. littér.:189. Bbg. LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 304-306.
ÉTYM. Fin XIIe, réfection de querre (XIe), ancien infinitif du lat. quærere « chercher ». → Enquérir. REM. Le verbe quérir a été éliminé par chercher au XVIIe s., sauf à l'infinitif et avec les verbes aller, venir, envoyer…❖♦ Vx, littér. ou régional. Chercher pour apporter, pour amener… ⇒ Chercher. || Aller quérir qqn (→ Contrat, cit. 3), qqch. (→ Humidité, cit. 1). || L'on va soi-même quérir sa portion (→ Bouillon, cit. 12).1 Je veux aller quérir la justice (…)Molière, l'Avare, IV, 7.2 — Non, c'est trop haut. Va quérir une échelle.Zola, la Terre, II, IV.3 Je crois bien que, sans Pierre Louÿs, j'aurais continué de vivre à l'écart, en sauvage; non que le désir m'eût manqué de fréquenter les milieux littéraires et d'y quérir des amitiés; mais une invincible timidité me retenait (…)Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 260.4 (…) il dressait et débarrassait la table, allait quérir les mets chez le traiteur (…)G. Duhamel, Salavin, VI, VI.5 — Il est ben là, madame la baronne ! Entrez donc seulement, je vas l'aller quérir. Il est à prendre le frais sous les arbres du jardin.G. Chevallier, Clochemerle, p. 235.❖DÉR. Quérable.COMP. Requérir.
Encyclopédie Universelle. 2012.